Petite recette pour écouter le bruit des étoiles en plein jour…

Savez-vous écouter le bruit que font les étoiles en plein jour ?
C’est un exercice qui requiert, outre des qualités auditives, un peu de patience.
D’abord, il faut choisir un ciel bien vierge, s’isoler un peu en altitude (à partir de 1 000 mètres) et trouver un endroit totalement dégagé avec si possible un sol rocheux et graniteux (éviter le calcaire ou les pelouses qui absorbent).
Enfin, un silence radical s’impose.
Vous pouvez, en option, tolérer un chat solitaire sorti du maquis et qui viendra s’asseoir à bonne distance.
Une fois ces conditions réunies, il vous faudra vous allonger, la tête calée sur un coussin de fortune (sac à dos ou chemise roulée en boule). Et de là, replonger dans vos rêves d’enfants, quand donner des formes vivantes aux nuages constituait votre premier grimoire, tout en fixant l’azur arrondi de toutes vos oreilles.
Une fois ces oniriques souvenirs dissipés et après encore de longues minutes arc-boutées au regard de cette sphère infinie qui nous enveloppe, quand le vide de vous aura pris tout en douceur le silence des autres, quand l’abstinence des sens irriguera l’ivresse de vos certitudes, quand les cadences biologiques de vos respirations auront pris la tangente, alors vous devriez percevoir de cristallines fulgurances sonores…
Comme les fruits d’un tintinnabule invisible, les reliquats d’un charivari bariolé en déshérence, pèlerins des courants célestes, prélude cacophonique au grand scintillement, éternellement recommencé, de nos nocturnes… Ces météores aussi ténues qu’innocentes sont pour moi le grand signal… Celui qui nous a mis peu à peu en position debout… En situation de nous demander ce que nous étions capables d’entendre au-delà des plaines, des forêts, des montagnes et des océans… Le bruit des étoiles en plein jour, parce qu’on ne les voit pas, nous ouvre d’autres itinérances, à d’autres chemins…

Des mots qui coulent de source

Quand un itinéraire m’amène à un commerce prolongé avec une rivière – qu’elle soit sereine ou impétueuse, dormeuse ou effrénée – je suis toujours saisi de son étonnante faculté de langage.
L’eau s’écoute avant de s’écouler…
Mais pour l’entendre, claire, il faut certes dépasser le brouhaha des torrents ou le silence trompeur des flots indolents. Sans me prendre pour un linguiste ou un anthropologue (et au risque de m’embourber dans une vilaine paraphrase de Bachelard !), je ne peux m’empêcher de penser que c’est l’eau coulante qui a sculpté nos langues mouvantes. A bien tendre l’oreille, l’eau est d’abord une voix liquide, qui draine le rythme, charrie des sonorités, alterne les débits. Elle est cri, murmures, soupirs ou monologues paresseux.
Mais, allongé au bord d’une de ses lèvres, je la vois aussi comme une Parole en construction, flottante, dépourvue de Verbe :un cadeau vierge offert à la seule Humanité pour qu’elle en fasse ensuite et, à sa guise, du sens. Ainsi le bruit de l’eau qui coule nous offre-t-il les voyelles (elles se caractérisent par un libre écoulement de l’air dans les cavités situées au dessus de la glotte) et celle qui butte sur un obstacle nous donne les consonnes (elles correspondent à une obstruction du passage de l’air dans ces mêmes cavités).
L’eau est le premier outil de nos mots.

Le professeur qui me disait…

L’histoire est belle…
Marcher, c’est d’abord se rencontrer du dedans… Dans nos petits désastres et aussi nos savoureux délires de gloire…
J’avais méthodiquement préparé cette redoutable ascension alpine au-delà de 3 300 m qui devait me conduire à une cabane d’alpinistes, point de départ (pour eux !) d’un mythique 4 000 m.
J’avais d’abord rongé mon frein par quelques marches d’approche, scruté tous les indicateurs météo, savamment calculé (en m’y reprenant plusieurs fois !) la distance et le dénivelé positif, lu quelques récits sur des blogs spécialisés, contemplé depuis mon balcon l’interminable sente en lacets qui s’engouffrait ensuite dans un chaos minéral, truffé de câbles, échelles et autres artilleries de soutien, puis enfin, le jour J, au débord d’une nuit claire, effectué une patiente recension du contenu de mon sac-à-dos, essayant d’y loger le juste poids, avant de me lancer, la fleur aux pieds, avec l’assurance de tous les hussards de la République…

Après 3 bonnes heures de montée, solitaire et régulière, la température se mit à chuter brutalement – aux alentours de 1° – tandis que j’entrais, ténébreux, dans un brouillard pavide qui présentait quand même le délicat avantage de me gommer toutes les distances et aspérités du relief…
Je décidais de poursuivre bien que tourmenté par une fatigue palpable et une certaine peur du vide, la sente devenant de plus en plus périlleuse, ricochant d’un abime à l’autre…
Encore une demi-heure et je fixais l’arrêt, tout près du but pour essayer de ressentir cette émotion ambivalente qui nous traverse lorsqu’on se sent capable d’atteindre un objectif tout en y renonçant…
Comme une extase qu’on retarderait indéfiniment de peur d’être déçu après…
Là, en me retournant pour amorcer la descente, je tombai nez-à-nez, comme dans un face-à-face improvisé de vaudeville, sur un congénère plus âgé qui devait me suivre depuis un certain temps mais que je n’avais ni entendu, ni même ressenti. Il émergea de ces vapeurs obscures sur le minuscule éperon rocheux où je stationnais, la barbe hérissée à hauteur de ses sourcils, visiblement (lui aussi !) épuisé et dans un sourire de conteur me demanda immédiatement en allemand, si la « route était encore longue jusqu’à la cabane ». Comprenant instantanément qu’il ne m’avait pas vu non plus et me croyait sur le chemin du retour, je lui répondis – tout à mes coquetteries de randonneur expérimenté ! – dans sa langue et sans sourciller (avec même une sorte d’assurance tranquille !) qu’une “petite demi-heure suffirait mais qu’il lui faudrait se méfier de quelques passages scabreux“. Il m’expliqua alors qu’il relevait d’une « longue maladie » et béatifiait (c’est en tout cas le mot que je crus comprendre : « selig sprechen ») sa convalescence par des randonnées en montagne sans vouloir “trop forcer“.
De là, s’engagea entre nous une conversation confraternelle où germanophilie et francophilie – il était professeur à la retraite de littérature à l’université de Weimar – enchantèrent la roche alentour d’un dialogue qui challengea sérieusement mon “expertise“ profane des Romantiques allemands et des hérauts du mouvement Sturm und Drang. Un moment de merveille passa ainsi à louer les caprices créatifs de l’imagination littéraire des Goethe, Schiller, Lenz, Klinger, Klopstock et consorts quand je m’aperçus que la neige s’était mise à tomber, sévère, piquante de travers et que la barbe de mon nouvel ami s’ornait de cristaux fondants. Il regarda vers le haut et me signifia son envie de continuer. Il était venu le temps de séparer cette rencontre qui n’avait rien d’imaginaire… Il me tendit la main puis fit mine d’attraper un flocon et en regardant le ciel (ou ce qu’il en restait !) et par un détour cohérent, traversa l’Atlantique pour convoquer Edgar Allan Poe et m’apprendre cette citation (que je traduis ici après vérifications…) : “L’infini de l’espace est un domaine ténébreux et élastique, tantôt se rétrécissant, tantôt s’agrandissant, selon la force irrégulière de l’imagination“.
Cette pensée, bienvenue dans un tel cadre, m’occupa toute la descente qui fut, vous vous en doutez, jubilatoire !

Quelques jours plus tard, de retour dans la vallée, je croisai en ville le professeur occupé à déambuler d’une boutique à l’autre… Je lui tendis un franc sourire. Il ne me reconnut pas…
Le brouillard et la neige avaient fait leur travail.
Ne restait plus que l’imagination, vous savez, celle qui prend soin de l’Univers…

3 bourgeoises et… mon émoi !

“Elles étaient maquillées
Comme des stars de ciné
Accoudées au rocher
Elles rêvaient qu’elles posaient
Juste pour un nouveau sommet
A la gloire de l’Eté…“

Qu’Eddy Mitchell me pardonne cet emprunt inaugural – légèrement détourné ! – mais ce sont les premières paroles qui me vinrent à l’esprit lorsque je découvris, dégoulinant de sueur après l’ascension par la voie la plus difficile d’une légendaire montagne provençale, ces 3 dames “d’un certain âge“, appuyées contre un rocher de crête, toute occupées à leurs abondantes ripailles et dont la principale préoccupation semblait bien être de ne pas tâcher leurs tenues de randonnée du dernier cru…
Jonglant avec dextérité entre tranches de melon, pêches juteuses, œufs durs et “authentiques“ (selon leurs dires) Madeleines de Commercy, multipliant les formules et les gestes de politesse surjoués entre elles et vociférant de rires appuyés juste comme il faut, elles m’enveloppèrent instantanément d’un nuage de bonne humeur bienvenu après de tels efforts.
Après un timide bonjour de ma part qu’elles relevèrent de signes de la main très travaillés, je décidai alors, pour ne pas troubler le festin de ces dames, de me ranger un peu plus loin – j’avais aussi besoin d’une pause ! – tout en me débrouillant de garder un œil complice et tendre sur ce spectacle pour le moins inattendu à de telles hauteurs…
Plusieurs minutes passèrent ainsi où, tout à ma fierté d’avoir réussi cette ascension (la plus difficile de la montagne en question), j’entrepris notamment de ré-enrouler ostensiblement ma corde autour de mon avant-bras, histoire de leur signifier clairement que nous ne jouions pas dans la même catégorie (chassez le naturel masculin, il revient au galop !!). C’est alors que l’une d’elles vint vers moi, le pas assuré, se planta devant moi et me demanda… si je n’avais pas de la ficelle !
La question me désarçonna un peu mais comme elle flattait mon instinct de Saint-Bernard, je pris un air très sérieux et entrepris de chercher méthodiquement dans mon sac (même si je savais pertinemment que je n’en avais pas).
Au bout d’un moment, je me façonnai la mine la plus déconfite possible pour lui avouer mon impuissance… Puis pour me redonner de la contenance, je m’enquis de connaître les raisons d’une telle requête.
Mon interlocutrice m’avoua alors qu’elles étaient des touristes “en goguette“ (selon ses termes) et que l’une de ses consoeurs de marche avait perdu lors de la montée les deux semelles de ses chaussures et qu’elle se voyait donc obligée d’entreprendre la très caillouteuse redescente “en chaussons“ (l’expression sonna de manière exquise dans mes oreilles)… sauf, si avec de la ficelle, nous pouvions les lui ré-attacher… A cet instant, le trio me parut si attachant et désarmant de spontanéité que l’idée de porter la « victime » sur mes épaules pendant les 2 heures requises me traversa l’esprit…
De manière plus réaliste tout de même, je rejoignis la déchaussée et entrepris d’examiner professionnellement son cas… Oubliant alors mes propres contraintes et la boucle que j’avais prévue, je leur proposai un itinéraire alternatif, plus doux, qui les amènerait au bas de l’autre versant à un parking où elles pourraient appeler un taxi qui les ramènerait ensuite en une demi-heure au lieu de stationnement de leur voiture. Si elles acceptaient l’idée, je marcherai en tête sur le sentier qui m’était très familier en choisissant la trace à suivre la plus adaptée à ces petits pieds exposés à de grands dangers.
L’idée les enchanta et elles le marquèrent bruyamment par de multiples remerciements enjoués. C’est ainsi que je me retrouvai transformé en sherpa de luxe (plus élégant que le qualificatif d’“l’Escort Boy“ dont elles m’affublèrent en gloussant) et reconduisis, au ralenti et chargée du sac de Madame, mes 3 bourgeoises chéries… Au moment où nous arrivions en vue du parking et que le taxi – joint par mes soins pendant la marche – faisait son apparition, la déchaussée lança tonitruante : “Voilà, je suis la nouvelle Cendrillon ! J’ai descendu la montagne en chaussons… Il faudra que je raconte tout ça sur mon blog ! C’est épatant !!“
Bienheureux, je pris alors le temps de regarder la voiture s’éloigner rapidement pendant que je réalisai qu’il ne me restait plus qu’à reprendre le chemin en sens inverse pour rejoindre le tracé de ma boucle !

Dieu me fait sourire…

J’ai depuis longtemps beaucoup de tendresse pour Théobule Kosegarten, pasteur du début du XIXe siècle d’Altenkirchen dans l’île de Rügen (au large de la côte de la Mecklembourg-Poméranie occidentale dans la mer Baltique). Ce poète et théologien, chantre du courant piétiste, affirmait entre autres que “c’est dans la nature, la Bible du Christ, qu’on peut le mieux lire le message du Salut“.
Cette lecture eschatologique du paysage, je l’éprouve parfois avec un soupçon de légèreté et – avouons-le – un sourire quand, par exemple, à l’issue d’une longue ascension, j’amorce la ligne de crête et “tombe“ nez-à-nez sur un pin d’Alep isolé qui, de ses deux branches porteuses – comme autant de bras – richement garnies, plantées en Y sur son tronc massif, semble me dire un chaleureux et généreux “Bravo !“ de toute sa force séculaire !

Petit bréviaire du Caprice

Ce que chéris par-dessus tout dans la marche, c’est d’être conduit par la seule imagination du Caprice. Chaque pas ou presque m’en dévoile un nouveau :
– à cette fourche, choisirai-je ce sentier tracé ou plutôt celui-ci, anonyme, mais qui m’aguiche de sa jolie courbe à la destination mystérieuse ?
– à l’orée du ressaut, me courberai-je vers cette scorsonère d’Autriche aux tentacules citronnées qui me dévisage avec persistance ou lèverai-je l’œil à la recherche du chardonneret qui jubile de trilles survoltées en sifflets persifleurs, un brin moqueurs ?
– Accorderai-je à la Grâce ou à la Providence (épineuse question !…) cette lumière laiteuse qui, soudain, à mon arrivée à la cîme d’un sommet alpin si souvent rêvé et enfin touché, transfigure la croix de métal rouillé, claudiquante au supplice d’Eole ?
– Choisirai-je pour table de déjeuner, cette cabane naturelle enfouie sous les pins à l’ombre rédemptrice ou m’allongerai-je à tout soleil sur la dalle rocheuse et pentue juste comme il le faut pour accueillir mon corps allongé ?… A moins que je ne garde encore en moi le goût du jeûne et poursuive ma route ?
– Tenterai-je sur cette crête face au vent déchainé de tenir tête et d’avancer débout pour m’épuiser jusqu’au renoncement et en jouir ou me coucherai-je pour avancer en sécurité, à quatre pattes, langoureusement aplati sur cette terre matricielle, le visage enfoui dans les fragrances garrigueuses ?
– Consulterai-je ma montre pour ajuster ma cadence ou accepterai-je la nuit comme compagne de retour ?
– Resterai-je encore à contempler fasciné les joutes aériennes des hirondelles qui rivalisent d’audace et se déjouent de toutes les lois de l’apesanteur pour gober mouches, syrphes, fourmis volantes, tipules et autres libellules ?
– Me demanderai-je encore quel est le sens de l’aller et celui du retour ou laisserai-je cette question germinative au panthéon des Dieux itinérants ?

Toutes ces questions et les autres, je me les suis posé et me les reposerai. C’est mon repos. Parce que la marche, dans ses éternels caprices, nous apprend le repos. Du corps et de l’âme.
“Marche doucement sur cette Terre, elle est faite de morts…“, dit le poète arabe et nomade du VIIIe siècle…

A hauteur d’Homme

Un phénomène m’a toujours étonné quand je marche… Plus on prend de l’altitude, plus les marcheurs se parlent. Du simple « bonjour ! » discret et isolé dès les 300-400 m d’altitude, on en vient à raconter sa vie aux alentours de 3 000 m… Comme si la hauteur nous ramenait au juste milieu de l’humanité. Frappant aussi de voir à quel point l’altitude nous « désagressivise » et nous attendrit. Je me souviens de plusieurs randonnées ou après des heures de solitude forcenée, je me “désaltérais“ auprès d’un piéton croisé sur des cimes, s’inquiétant de mon itinéraire, de ma forme et me donnant quelques sourires sans oublier les inévitables prévisions météo….

La sainte liturgie de mon engagement pédestre

Les longues ascensions pour le marcheur-fumeur que je suis demeurent la sainte liturgie de mon engagement pédestre. Et comme pour toute liturgie, j’y respecte des règles (pour ne pas dire des dogmes !) mathématiques : 1 pas à la seconde, 12 minutes de montée, 3 minutes de pause (incluant coup d’œil à l’altimètre…) et ainsi de suite jusqu’au sommet ou à la crête convoités. Cet autre cadencement ne supporte aucune dérogation et s’applique avec la rigueur implacable du chronomètre. Il m’a toujours permis de franchir les dénivelés les plus sévères – y compris au-delà de 3 000 mètres – et de conserver la satisfaction d’une ascension régulière et somme toute maîtrisée.
Toutes les fois où je me suis écarté de cette règle, je me suis vite retrouvé en perdition, les poumons à l’agonie et le cœur hors de contrôle, crachant ma colère dans d’improbables expectorations à déloger un sanglier et brisant mon frère Silence du vacarme de ma respiration haletante…

Quand ferme la chasse…

Il existe une période pour le marcheur à nulle autre pareil : la semaine qui suit la fermeture de la chasse…
Etrange parenthèse suspendue pour lui et toute la faune qui après des mois de stress, de fuites, de drames, de courses en avant, de hurlements revanchards semblent ne pas encore croire vraiment à ce cessez-le-feu suspect. Si les grands oiseaux se contentent de signaler notre approche à l’abri, les mammifères demeurent à l’affût, encore soigneusement invisibles depuis les chemins mais bien présents. Ils n’hésitent désormais plus à se remanifester qui par des grognements, qui par des branches froissées… comme s’il testait la véracité de ce traité pacifique… et que le randonneur itinérant, encore un peu incrédule, n’est pas un braconneur mais un simple compagnon tout à sa sérénité d’avoir retrouvé ses territoires pacifiés.
Puis progressivement, Printemps aidant, le grand orchestre de la Nature, rassuré et réaccordé par ses quelques gammes timides, lance sa saison ! Une farandole de couleurs, cris, chants, mélopées, murmures, souffles, ruissellements, larmes, paroles, rires indiciblement guidée par nos deux astres contraires.

Marcher rend pauvre…

La marche est une forme de Pauvreté ; la plus évangélique sans doute. Marcher rend pauvre. Oui, parce que ce geste, originel (bien plus que le péché) qui poursuit comme une onde lumineuse sa marche à travers chaque marcheur, annihile toutes nos envies autres que celles qui lui sont directement nécessaires et qui sont donc des besoins (le trio : manger-boire-dormir). Quand je marche, j’apprends à me satisfaire – voire même à jouir – de ce que je vois, entends, sens… et à ne plus rien désirer d’autres que ce qui concourt à faire vivre de manière apaisée, sans frénésie, ce trio. C’est le spectacle du monde tel qu’il est (en pleine nature ou en ville) qui me rassasie et me comble.
Combien de fois me suis-je surpris à penser, en marchant, que je n’avais envie de rien ce qui paradoxalement m’a toujours rendu jubilatoire ! Et dans tout cet espace que la Pauvreté libère, il reste tout le temps de l’Autre… De la rencontre “parolée“ avec celui qui croise mes pas.
Une Parole née de notre silence qui enfante à son tour la rencontre avec mon prochain…
Comme je n’ai plus envie de rien, je suis tout à Toi.